Le Jour des Morts combine les traditions catholiques européennes de la Toussaint avec les rituels aztèques.
La tradition est née dans le sud du Mexique il y a plus de trois mille ans avec les premières célébrations des âmes décédées. Lorsque les Espagnols sont arrivés de nombreuses années plus tard, ils ont essayé d'arrêter la célébration car ils ne s'alignaient pas sur leurs propres croyances. Mais rien de ce qu'ils ont essayé n'a pu arrêter l'amour et l'enthousiasme que les indigènes avaient pour cette journée, et au fil du temps, la date a prospéré et évolué.
Alors que les gens se déplacent vers différentes parties du monde, le Jour des Morts a été reconnu au-delà des frontières mexicaines. Il a reçu une attention particulière aux États-Unis grâce à la large couverture médiatique qu'il a reçue et à une population croissante d'origine mexicaine.
Malgré ce que son nom l'indique, le Jour des Morts n'est pas un jour de deuil, mais de joie. À la base, la journée reconnaît la mort comme faisant partie de l'expérience humaine . Il cherche à honorer la vie des défunts afin qu'ils réservent une journée et se réveillent de leur sommeil éternel pour partager nourriture, boissons et célébrations avec leurs familles.
Certaines des traditions sont : la mise en place des offrandes, la décoration avec des crânes et la préparation du pan de muerto.
Les autels sont traditionnellement créés à l'intérieur des maisons, dans les tombes des cimetières, et plus récemment, dans les espaces publics et les musées au Mexique et aux États-Unis. Ces autels publics montrent l'art de fabriquer des autels pour le jour des morts et célèbrent les êtres chers dans le processus.
Lors de la préparation de l'autel pour le défunt, certaines personnes montent une offrande qui comprend des aliments et d'autres objets personnels préférés du défunt, ainsi que leurs portraits photographiques. Disposer de ces articles permet aux proches de se sentir rajeunis après leur long voyage. La Sainte est connue pour adorer les cigarettes!
Les offrandes comprennent également :
Copal, ou encens traditionnel (datant des cérémonies religieuses préhispaniques au Mexique).
Fleur de Cempazúchitl, ou calendula (parfois d'autres types de fleurs sont utilisés).
Objets religieux, comme un crucifix ou une image de la Vierge de Guadalupe.
Les quatre éléments de la nature : la terre, le vent, l'eau et le feu, sous diverses formes, mais comprennent souvent un pot en terre ou une marmite (terre) et des bougies (feu).
Les offrandes vous en disent long sur les membres de la famille décédés et sur ce qu'ils ont apprécié sur Terre.
La Sainte est connue pour adorer les cigarettes!
Crânes
Des crânes peuvent être vus partout pendant le Jour des Morts, des sucreries aux créations en papier mâché pour décorer les maisons et les autels. Certains crânes portent le nom d'êtres chers décédés écrits sur leur front pour se souvenir d'eux.
La signification du crâne et du squelette en ce jour est d'honorer la nature continue de la vie, de rire joyeusement de la mort et de l'accepter comme faisant partie de notre existence quotidienne.
Crânes en sucre
Les crânes , une autre tradition aztèque, sont faits de crânes en sucre pressé et d'eau avec le nom du défunt écrit sur leur front. Les crânes sont des crânes d'art populaire coloré, décorés de papier coloré, de glaçages, de perles, de rubans et de plumes. Ils sont un rappel des cycles de la vie.
Pain de mort
Le pain des morts est un élément important de l'offrande et est très apprécié et apprécié pendant cette fête. La forme ronde du pain représente le corps humain, tandis que les formes longues qui sont placées sur le pain représentent le corps humain et le nœud rond au centre représente le crâne.
Il existe différentes variétés de pan de muerto. Certains sont à base d'anis, d'autres à l'extrait et au zeste d'orange ; d'autres sont recouverts de graines de sésame, et d'autres de sucre. La légende veut que le pain remonte à l'époque préhispanique et aurait pu remplacer les sacrifices humains requis à l'origine par les Aztèques pour honorer la fête.
Le jour des morts aujourd'hui
Depuis que le phénomène migratoire a séparé de nombreuses familles des tombes de leurs ancêtres et des cimetières où se déroulaient les processions et les autels étaient érigés, les célébrations du Jour des Morts ont beaucoup changé au fil des ans. Il y a également eu une controverse dans certaines communautés au sujet de la commercialisation croissante de la fête
L’une des figures principales des « Dias de los Muertos » est la Santa Muerte. Elle est également fêtée tout au long de l’année et fait l’objet d’un véritable culte. La représentation de la mort au Mexique était présente bien avant l’invasion espagnole : les aztèques vénéraient Mictlantecuhtli, et son épouse Mictlancihuatl, dieux de la mort régnant sur Mictlan, sorte de royaume des ombres.
Le crâne humain était très fréquemment utilisé lors des cérémonies et cultes aztèques. Lors de l’invasion espagnole, la culture catholique, avec ses nombreux memento mori, a succédé aux représentations aztèques, en les assimilant. Ce mélange de deux cultures donne aujourd’hui à la figure du squelette et du crâne son statut de symbole national et identitaire.
La santa Muerte
Le culte de la Santa Muerte fait son apparition au cours du XXe siècle dans les prisons mexicaines.
Il serait lié entre autre au culte de la Catrina et de Mictecacihuatl , Il prend source dans les prisons mexicaines, au sein des criminels qui n’ont plus aucun espoir et sont rejetés par l’Eglise. On compte parmi les adeptes les gens qui risquent régulièremment leur vie, (et plus tard ceux qui l’ont risquée et qui s’en sont sorti, comme les femmes ayant eu des grossesses difficiles etc.) et qui font partie d’une partie de la population délaissée, composant une sorte de sous-société… une société souterraine, comme l’était l’Inframundo, « l’au delà » des Aztèques et des Incas… qui voue dès lors un culte à la Sainte Mort, la Santa Muerte. Car si la vie est sainte, la mort doit l’être églament.
Le culte ouvertement populaire de la Santa Muerte est relativement récent. La Sainte est priée depuis très longtemps, mais elle restait dans l’ombre, et l’on sait relativement peu de choses sur ses origines exactes. Il faut attendre les années 60 pour que ce culte soit réellement public. Et c’est seulement en 2001 que la première statue de la Santa Muerte est érigée à Mexico dans le quartier de Tepico. Cet engouement soudain s’explique par le fait que la Santa Muerte est la patronne des désespérés, des marginaux : on l’invoque contre les accidents, les morts violentes, les attaques. C’est une sainte qui accepte tous les fidèles, sans jugement. Elle est donc considérée comme la sainte la plus honnête et la plus pure.
La Santa Muerte est le résultat d’une déification liée au danger et à la violence, et pour cette raison, la statue fut édifiée à Tepico, l’un des quartiers les plus dangereux de Mexico. La Santa Muerte est notamment la sainte patronne des gangs. Malgré la très grande vivacité de son culte, et sa facilité à dépasser toutes sortes de frontières, la Santa Muerte est condamnée par l’Eglise Catholique, pour plusieurs raisons. En effet, l’Eglise n’apprécie guère que l’on vénère un squelette qui n’est pas une martyre, ni une sainte reconnue : c’est la mort que l’on vénère, et non une figure humaine. Ce type de culte est trop imprégné de cultures et croyances païennes pour que l’Eglise Catholique l’accepte. De plus, le culte de la Santa Muerte ne nécessite pas d’intermédiaires : il n’y a pas de prêtres, ni d’églises, et les autels se situent dans la rue. il se célèbre aujourd’hui dans la rue, et attire de nombreux adeptes chaque premier jour du mois. Enriqueta Romero, également appelée Doña Queta, a été une des premières, en 2001, a mettre en place un autel à l’effigie de la Sainte, qui est bien vite devenu un lieu de pélerinage, puis un véritable « panthéon ». Elle a eu l’idée de mettre en place ce rituel lorsqu’elle s’est vu offrir une statue à taille humaine de la Santa Muerte. Elle l’a alors habillée, lui a mis une perruque et des accessoires pour féminiser le squelette au maximum.
Depuis, la Niña Blanca est encastrée dans le mur de sa maison, côté rue, chaque mois avec une tenue différente. D’ailleurs, le changement de tenue est une occasion célébrée avec les fidèles. En général, la statue tient une faux dans une main et un globe dans l’autre; mais ses accessoires peuvent également être une balance, un sablier ou un hibou.
C’est donc à la fois un culte privé (on peut avoir un autel chez soi) et un culte public, qui s’affiche ouvertement. De ce fait, c’est un culte difficile à contrôler, d’autant que la Sainte n’est pas dévolue à une tâche précise et ne fait pas de « miracles ». Elle rend des services de toutes sortes ayant trait à la vie quotidienne des habitants mexicains.
Cela la rapproche encore plus des dieux païens condamnés par l’Eglise.
Cependant, certains aspects du culte de la Santa Muerte sont proches des cultes rendus aux saints catholiques : les habits dont on pare la Sainte, les processions, les dons en argent et en nature, les symboles associés à la Sainte sont des éléments que l’on retrouve dans l’Eglise Catholique. Cependant, la Santa Muerte est entourée d’une aura de souffre : les dons en nature des habitants ne sont pas les ex-voto offerts aux autres saints. Dans le cas de la Santa Muerte, on peut voir sur les autels des cigarettes, de la drogue, des sucreries et du chocolat, de l’alcool, des bijoux… Les philtres et recettes associés à son culte sont trop proches de rites sorciers pour être acceptés par l’Eglise Catholique, qui condamne également les « Dias de los Muertos », comme manifestations hérétiques et païennes. On peut se demander si le fait que le culte soit populaire notamment chez les marginaux de la société mexicaine, n’est pas l’une des raisons de la condamnation du culte par l’Eglise Catholique (bien que la Santa Muerte soit vénérée par beaucoup de catholiques). Le taux de pauvreté étant très élevé à Mexico, le culte de la Santa Muerte est une évidence : las de croire en des saints qui sont assez loin de leurs préoccupations ordinaires, les marginaux et oubliés de la société mexicaine décident de faire revivre un culte plus populaire, plus accessible, avec une sainte plus proche d’eux.
La Catrina (ou Cavalera Catrina, ou Cavalera Garbancera). La figure de la Catrina ne cesse d’influencer les maquillages d’Halloween, les adeptes du tatouage (dont nous parlerons plus tard), et les artistes pop-surréalistes.
La « catrina » est dérivée de l’espagnol « catrin », qui désigne une personne élégante et habillée avec goût (ce terme désigne aussi, au Mexique, une sorte de dandy). Cette figure de squelette, habillée d’un grand chapeau à plumes d’autruche et mise à la mode européenne des années 1900/1910, est récurrente dans la tradition iconographique mexicaine, et aujourd’hui occidentale.
L’Occident oublie cependant, à travers les ré-interprétations de la Catrina dont il use, que celle-ci est d’abord une caricature, et donc, un symbole de rébellion (à moins que cette fonction ne transparaisse inconsciemment, et qu’elle ne participe au succés de la Catrina en dehors du Mexique).
La première représentation de la Catrina est due au graveur et illustrateur mexicain José Guadalupe Posada en 1910. Il fut influencé par Manuel Marilla, également illustrateur, lui-même inspiré par les danses macabres européennes. C’est notamment pour cette raison que la Catrina possède une figure de squelette et par-là même une fonction de memento mori, puisque
elle rappelle que même les plus riches doivent mourir un jour, au même titre que les danses macabres médiévales européennes. La Catrina est en effet une « garbancera ». Le terme désigne des femmes indigènes vendant ou mangeant des produits à base de pois chiche (« garbanza » et « garbanzos »), méprisant leur classe sociale et leurs origines, et copiant les usages et modes européennes dans le but d’accéder à un rang social plus élevé. La révolution étant liée à la redécouverte de l’héritage pré-hispanique, notamment aztèque, des mexicains, ceux-ci adoptèrent squelettes et crânes comme symboles nationaux, et donc également la Catrina comme symbole de l’indépendance culturelle des mexicains face à « l’impérialisme » européen. La Catrina est donc à la fois symbole empreint d’origines religieuses (les danses macabres), mais également symbole de contre-culture et de culture
populaire, comme la Santa Muerte.